On m'avait parlé de la qualité des marionnettes de cette troupe, celles de Michel Klein, lui-même comédien marionnettiste sur scène. On ne m'avait pas menti. Les marionnettes sont splendides et elles ont le pouvoir magique de s'animer instantanément. Un incroyable jeu de lumières, de sons et de décors et deux touchants comédiens qui assurent les voix et les rôles de la vingtaines de personnages dans un élan physique et des tours de passe-passe incroyables finissent de nous emporter dans une semi-réalité. Mieux qu'à la télé, mieux qu'au cinéma, c'est dans le livre de Lewis Caroll que nou plongent réellement les metteurs en scène, Ismaïl Safwan et Michel Klein. Une adaptation française fidèle à la vie et à l'œuvre du célèbre écrivain, volontairement détachée de la version de Walt Disney (Walt Disney Pictures, 1951).
Le tout est emmitouflé dans un univers à la Tim Burton ; une mise en scène, (un rythme en tout cas), qui est peut-être à retrouver dans l'adaptation cinématographique de Charlie et la Chocolaterie (Charlie and the chocolate factory, Roald Dahl, 1964) réalisée par M. Burton en 2005. Le réalisateur américain est d'ailleurs en train d'adapter à l'écran.... "Alice au Pays des Merveilles" ; aura-t-il vu la pièce ? Cet Alice marionnettes aurait sûrement de quoi l'inspirer.
Pourtant ici, contrairement à la cinématographie, pas de trucage pourrait-on dire ! On est envoûté dès le commencement par la présence discrète et soignée des décors, et par un "il était une fois" d'un autre âge et d'une autre dimension. Les enfants ont remarqué sur l'avant-scène la pendule qui tantôt marque l'heure ou tantôt se fige tandis que nous, complètement hypnotisé, les yeux braqués sur les marionnettes, on n'avait même pas vu le comédien "faire son entrée".
Magie de l'éclairage, oui, trucage certes, mais surtout profondeur de vues et de perspectives (sur une petite scène), rapidité et finesse d'exécution des mouvements dans toutes les directions avec un rythme perpétuel dont on ne se lasse jamais. Des effets tels qu'ils n'ont rien à envier aux algorithmes les plus récents des meilleurs studios d'animation 3D. On s'y croirait. En plein dessin animé, en plein rêve, en pleine réalité... Et c'est bien le message qu'avait voulu livrer aussi l'auteur anglais. Son fantôme semble traîner rieur parmi les protagonistes. Avec des voix auxquelles on s'attache (le comédien Michel Klein en assume une dizaine, Vanessa Defasque, quatre ou cinq), on apprécie la magie de ce direct de soixante minutes qui dure des vies.
Les deux comédiens marionnettistes réalisent une vraie performance physique, de corps et de voix, d'humour et de jeux, de sonorités et de syllabes.
Je ne vous raconterai ni les personnages ni le scenario du livre (Through the looking-glass and what Alice found there). Nous connaissons tous Alice, celle du pays des merveilles, nous connaissons moins celle qui se trouve de l'autre côté du miroir. Il faut aller voir. Le chef d'œuvre de Lewis Caroll mérite d'être entendu aujourd'hui et dans ces conditions. Le metteur-en-scène Ismaïl Safwan a également composé la musique : parfois imperceptible, toujours complètement intégrée au tableau animé, elle se fait tantôt cajolante, tantôt déjantée, comme tous ces personnages, de chair et d'os, de latex ou de polystyrène. Ça, no n'y croit pas vraiment : bien sûr que ces marionnettes sont vivantes puisqu'elles nous parlent. Il faut le voir pour le croire, c'est sous nos yeux, qui pleurent, qui rient ou s'émerveillent, dans nos oreilles et dans nos rêves, c'est tout simplement fabuleux. Allez-y ! Vous ne serez pas déçu.
Le spectacle a été créé à Strasbourg le 10 octobre 2008. Il s'y jouera jusqu'au 21 octobre et tournera ensuite dans d'autres villes de France ( calendrier ici)
http://www.flash-marionnettes.org
Comme je suis sympa, j'ai pensé à vous et j'ai interviewvé Alice au moment du réveil :