Merci Alexiane et quelle fabuleuse entrée en matière sur la blugture !
On n'a pas du tout envie de revenir ...
Malgré tout, ça n'est pas plus mal que j'ai du soleil plein les yeux en rédigeant cette critique.
Car le sujet n'est pas si facile, et j'en suis ressortie bouleversée.
Là ça va drôlement mieux, donc nous allons pouvoir aborder les choses ensemble, et avec plus de légèreté ;)
...
Il y a une dizaine de jours, j'ai été invitée par le fondateur du blog blugture, Frédérick 2 Baro, à aller voir La vie sinon rien, à la Comédie des Champs Elysées.
En effet, vous pourrez désormais retrouver mes critiques sur le webzine collaboratif blugture.
Pourquoi ?
Pour rien, et certainement pas pour de l'argent. C'est juste que je trouve leur initiative drôlement sympa, mêler toute la culture quelle qu'elle soit, en un melting pot digeste, varié et fantaisiste.
C'est un peu mon but quand je vous parle de théâtre ici, en désacralisant les choses, et en vous montrant qu'on trouve vraiment de tout sur scène, et pas forcément du roboratif, ou du graveleux.
Alors voilà, je suis très contente de faire mes premiers pas au sein de cette équipe, avec mes critiques toutes légères qui ne souhaitent surtout pas se prendre au sérieux.
Je continuerais à chroniquer le théâtre rigolo, et sans prétention, dans l'espoir d'avoir des coups de foudre communicatifs.
Rendez-vous était pris à la Comédie des Champs Elysées.
C'est là bas que se joue La vie sinon rien, une pièce dont tous les personnages tiennent en un acteur unique, Bruno Abraham-Kremer.
J'aime beaucoup ce théâtre que je trouve désuet, et qui me donne chaque fois l'impression de vivre une soirée d'exception, un peu hors du temps.
La dernière fois avait été renversante et espagnole, j'étais très contente d'y retourner.
C'est un lieu élégant, dont j'apprécie beaucoup la programmation.
L'ambiance est feutrée, très douce, les pas étouffés.
Bref je ne vais pas vous en faire des tonnes : le théâtre est terrible, et encore plus si l'on veut épater un rendez-vous galant.
Eh oui, j'invite mes presque amoureux au théâtre, je vous conseille l'initiative, après coup, on a toujours des tas de choses à se dire.
Et à faire aussi.
Pas toujours élégant, mais sous une aura quelque peu culturelle.
(Et c'est toujours meilleur ainsi, croyez-moi).
Bref, un joli théâtre, avec des fauteuils drôlement chics, du champagne qui pétille et un rideau rouge lourd & majestueux.
Quand tu te retrouves au bar, juste avant d'y aller, presque tu te prendrais pour une star.
Sauf que tu n'en es pas une, du coup tu reprends une deuxième coupe, et tu oublies tout ce que tu ne seras jamais.
Pour le coup, j'avais embarqué mon frangin, sa nana et une cousine inconnue jusqu'alors, sous mon aile.
Choix judicieux quand le rideau se lève et que tu comprends la portée familiale de l'écriture de cette pièce.
...
Et la pièce, vous me dites ?
On y vient, on y vient.
Donc le pitch rapide c'est que Pierre est cinquantenaire, qu'il a deux gamins, une femme et qu'il apprend qu'il va mourir d'une maladie à la con qu'ils ne sont que 4 plantins à avoir développée.
Et puis Pierre a un peu une vie à la con aussi, de celles où il ne se passe plus rien, où on ne se demande pas si on aime sa femme puisque ça fait 30 ans qu'elle est là, on ferait quoi sans elle ?
De ces deux gamins qu'on a fabriqués, la chair de sa chair et qui sont un peu cons eux aussi, au final.
Tout le monde est déjà un peu mort et un peu con.
Comme nous tous.
Comme vos parents, comme les miens.
Une vie qui file doux.
Mais alors doux et droit dans la connerie.
Et la connerie c'est confortable.
Un jour, un jour con quoi, Pierre apprend qu'il a une maladie incurable.
On ne sait pas trop ce que c'est, cette maladie, elle est juste là pour nous rappeler qu'inexorablement on file tous vers la même chose.
Et que presqu'on l'attend, avec nos existences sages et rangées, où on se fait chier.
Voilà ce que raconte cette pièce si justement écrite par Antoine Rault.
Au final, ils s'emmerdent tellement dans la famille de Pierre, qu'on est content qu'il ait chopé la maladie.
Il ne lui reste que deux ans à vivre, et donc il vit.
Et il vit seul sur cette scène immense et sans décor ou presque.
La prestation de Bruno ABRAHAM-KREMER est troublante, et m'a rappelé que le théâtre c'est aussi ça : des acteurs précis et de formation classique qui sont sur scène car c'est leur métier.
J'avais peut être un peu oublié à quel point le théâtre peut être si juste, millimétré.
Car parfois le millimètre est indispensable pour nous mener à l'émotion.
Quant à la mise en scène, elle est signée Bruno ABRAHAM-KREMER également.
Il n'y a rien si ce n'est trois planches en bois sur lesquels il navigue à vue, en se posant les questions qu'on se pose toujours trop tard.
Par flemme.
Et pas peur de l'effort que, peut être, on devra fournir.
Trois planches, un acteur, et on est transporté pourtant, dans le scanner avec lui, dans le lit conjugal, devant le miroir de sa salle de bains.
Magique.
Vrai.
Donc Pierre va mourir, il le sait, du coup, il attend la mort.
Et c'est assez drôle cette valse des médecins, et de tous ces crétins, qui ne savent pas trop quoi dire ...
Car cette pièce est une comédie.
Pas de celle où l'on rit aux éclats, non, pas franchement, mais où on sourit souvent, car on se voit dans nos vies qu'on aimeraient compliquées, mais dont on a ôté toute difficulé.
Donc c'est une comédie, promis ;).
Mais une comédie où tu réfléchis.
Une comédie pas con, et pas inutilement divertissante quoi.
(Même si parfois le rien, c'est drôlement divertissant et ça nous fait du bien).
Est-ce à dire que je suis sortie de là guillerette ?
Non, j'ai eu mal un peu.
Je retrouvais mon père après, et j'ai eu peur de le perdre d'un coup d'un seul. Mon père et moi, on ne partage pourtant pas une grande complicité. Et pourtant ce soir là, je me suis dit que peut être qu'il serait bon de vivre les choses maintenant plutôt que d'attendre la nouvelle.
Qui tombera un jour.
Et peut-être moi avant lui ?
En tout cas, j'étais contente de ne pas l'avoir convié, ce recul que j'ai eu ce jour là, j'imagine qu'il doit être très difficile à atteindre quand justement les 50 ans, les remords et les regrets on les a déjà, et qu'on y pense un peu plus souvent qu'à 20 ans, que bordel le temps passe.
Et les amours aussi.
A la fin, comme à chaque fois, j'ai attendu l'acteur.
J'étais dans mes petits souliers, parce que l'homme avait été si grand sur scène, que bon, je me demandais bien comment j'allais pouvoir me présenter, moi, la Alexiane de So GlamoUrous ...
Je me sentais petite, ça m'a fait drôlement du bien de croiser le regard d'un acteur riche et vrai, et surtout qui a tant de choses à m'apprendre.
Il est sorti, fatigué, usé d'avoir tout donné en 2 heures, mais avec ce sourire sur les lèvres qu'ont les gens bons.
Je ne crois pas qu'il en avait quelque chose à fiche de mes compliments et que la photo, ça l'emmerdait un peu.
Il n'avait sûrement envie que de rentrer chez lui.
Et pourtant, ce mec là m'a regardée une seconde, m'a dit trois mots, et j'en aurais pleuré.
En un mot : j'ai été très touchée par cette pièce.
Toutes les émotions, joie, tristesse, colère, rire et apitoiement ...
On y réfléchit beaucoup, sur soi-même, sur les autres, et sur tout ce qu'on rate entre soi-même et les autres.
Foncez-y.
Pour y aller, il faut drôlement se dépêcher, ce sont les dernières !
Le site officiel de la Comédie de Paris : http://www.comediedeschampselysees.com/a-l-affiche/index.cfm
Des places moins chères sur Billet Réduc : http://www.billetreduc.com/28827/evt.htm
Pour en savoir plus sur la pièce et l'acteur :
Pas beaucoup d'infos sur Antoine Rault, j'ai trouvé néanmoins un article du Figaro, une très courte biographie, et un article un peu plus fourni sur le JDD (au sujet de sa dernière pièce, Le Diable Rouge que je vais tenter d'aller voir vite vite).
Sur Bruno Abrahma Kremer, guère plus : http://www.petitmontparnasse.com/cv/babrahamkremer.htm